Écriture
La Lune des coiffeurs
Avec Loin d’où ?, son premier court métrage en 1989, Michka Saäl a séduit le public québécois. Une voix douce et poétique se souvient d’une enfance en Afrique du Nord, piégée entre la chaleur du désert et les mystères de la mer, pendant que défilent les images de neige et de glace de son pays adoptif.
Trente ans après son premier film, comme si le temps avait été suspendu, cette voix revient dans son premier livre, La Lune des coiffeurs. La narratrice du film, sa fugue empêchée par la mer, réussit dans le livre à traverser la Méditerranée et à retrouver sa mère en France. Elle grandit, toujours en recherche d’une identité et de sa place au monde, bouleversée par sa « nouvelle » identité juive. Suivent une deuxième fugue en Israël, un retour en France et puis le Canada, pays de refuge où elle rêve à ses racines. Elle confie :
« Je n’invente rien mais ce que j’imagine m’appartient… Je voudrais frotter la mémoire jusqu’au sang. »
Tout comme son cinéma, le livre glisse entre le vrai et l’inventé, le présent et le passé. Il insiste sur l’importance de la mémoire et adopte l’art sous tous ses formes comme mode d’emploi. Pas étonnant, alors, que ce livre emprunte librement images, détails, souvenirs et histoires de la vie de Michka Saäl, ainsi que de ses films, documentaires et fictions. Une connaissance de son œuvre cinématographique et de sa vie peut donc ajouter un deuxième degré au livre, mais suscite finalement plus de questions que réponses. Ce qu’elle aura aimé.