Scénario, réalisation, production : Michka Saäl
Image : Sylvestre Guidi
Enregistrement du son et conception sonore : Catherine Van Der Donckt
Montage : Michel Giroux
Musique originale : Bertrand Chénier
Producteurs délégués : Mark Foss et Michel Giroux
Produit avec l’appui du Conseil des arts du Canada et l’ACIC (ONF)
Avec Anne J. Gibson
« Michka Saäl, dont les portraits d’artistes ont depuis toujours témoigné de sa sensibilité pour les inclassables et les téméraires, affiche une fois de plus sa cohérence dans New Memories. Elle ignorait seulement en être déjà à la conclusion de sa propre trajectoire créatrice, ici fort belle et émouvante. »
photo: Anne J. Gibson
« Peut-être est-ce là ce qui émeut dans New Memories : le combat acharné d’une femme qui cherche effectivement à réécrire sa propre histoire, les photos accumulées constituant pour elle « une nouvelle mémoire » dont elle n’a de cesse de consolider les assises à chaque cliché. Combat qui n’est bien évidemment pas étranger au parcours personnel de Michka Saäl. Autant dire que l’on peut voir dans cette collaboration unissant ici la photographe et la cinéaste une embellie vivifiante qui viendrait panser les âmes blessées. »
« Jamais sensationnaliste, toujours à l'afflût des détails significatifs, Saäl propose un film touchant, vrai et éminemment cinématographique. Les reportages télévisuels au montage taillé à la hache font place ici à un véritable travail sur le temps, laissant la protagoniste s'exprimer dans toute sa complexité. Une œuvre authentique et généreuse dont la modestie enchante. »
« Le traitement pudique de ce sujet grave, allié à la sobriété de la realisation, met bien en valeur les témoignages touchants de la protagoniste. »
Une réalisation sobre, avec un bon dosage de témoignages touchants où les mots vont droit au coeur.
Festival international Signes de la Nuit, Bangkok
DOC-Cévennes, France
Cinéma Paraloeil, Rimouski, Québec
Rencontres internationales du documentaire de Montréal
Cinématèque québécoise
Sylvestre Guidi et Anne J. Gibson à Kensington Market, 2016
Les origines du film
Je me suis mise à y suivre le travail de photographes de rue. J’ai vu un grand nombre de photos de gens qui vivent dehors : des sans-abris, des musiciens nomades, des vendeurs à la sauvette, des désoeuvrés, des ombres perdues. Souvent, ces photos m’ont paru, voyeuristes ou au contraire, distantes voire méprisantes. Pas celles de Anne J. Gibson.
À notre premier échange sur FB, Anne répond: « Tu as écrit que j’avais la distance juste. C'est parce que je ne suis pas séparée d'eux. Je suis chacun d'entre eux, je me vois réfléchie dans chaque personne que je photographie. Pour moi, l'art rend la vie vivable. »
J’ai vite compris que l’on ne pose pas de questions directes à Anne, que les réponses seront sans doute à la fois simples et complexes mais qu’il me faudra partir à leur recherche, en allant jusqu’à elle, et en mettant mes images dans les siennes, comme on met ses pas dans ceux d’une inconnue.
Michka Saäl, 2016
Une vie de contradiction
Une des choses que je recherche dans les films des autres et que j’essaie d’atteindre dans les miens, c’est d’être surprise. De faire en sorte que d’une séquence à l’autre, on ne sache pas ce qui va bien pouvoir se passer. ANNE étant porteuse de contradictions et autres paradoxes, et sujettes à des réactions inattendues, l’effet de surprise sera certainement au rendez-vous.
Anne ne marche pas, elle danse, elle saute, court, s’agenouille, se couche à plat ventre, grimpe sur une table, tourne autour de son sujet, l’interpelle, lui parle, l’étourdit, lui fait du charme avec la plus grande aisance et le bagout le plus naturel. Au début, je suis restée stupéfaite de sa transformation de femme marquée, introvertie, complexe, limite sauvage en une gavroche enjouée, en chapeau bottes de cow-girl, drôle, culottée, extravertie. Comme si, sous mes yeux, elle passait de la tragédie à la comédie. Mais elle a expliqué :
« L’appareil-photo me permet d’être seule au milieu d’une foule. Je reste en contrôle et rarement plus de 5 minutes avec chacun. C’est un moyen sans danger d’être dans l’intimité. C’est seulement par la photographie que je peux accéder au plus vulnérable de moi-même. La photographie, pour moi, c’est un véhicule… je n’en ai pas d’autre… ni langage, ni musique ... Rien… mais elle m’a sauvé la vie. »
Michka Saäl, 2016
