Michka Saäl

Spoon

2015, documentaire, 65 minutes, anglais et français

Générique        Critiques        La vie du film Secrets de tournage

 

Synopsis

Dialogue entre un poète noir américain enfermé à vie et la cinéaste. Elle essaie de représenter son absence au monde, et d’inscrire son voyage politique et poétique au creux des images de son pays, le désert du Mojave, et de ses paysages intérieurs, quand l’émotion les y convoque.

 

Bande annonce

Générique

Scénario, réalisation, production : Michka Saäl

 

Image : Sylvestre Guidi, Rénald Bellemare

Enregistrement du son : Pierre Bertrand, Catherine Van Der Donckt

Conception sonore : Catherine Van Der Donckt

Montage : Michel Giroux

Poèmes : Spoon Jackson

Musique : Ricky Ford

 

Produit avec l’appui de Conseil des Arts du Canada, ACIC et PRIM

Avec Spoon Jackson et Michka Saäl

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Critiques

 
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Deux âmes soeurs

« Spoon est avant tout une expérience sensible qui élargit le champ de notre regard. La cinéaste y travaille la matière par strates évocatrices et fait ce voyage une sorte de canevas musical, ponctué sporadiquement par les textes percutants d’un écorché vif qui a trouvé à “réchauffer son chemin” en forgeant une discipline à l’ombre des mots… On pourrait dire que, venus tous les deux du désert, Spoon Jackson et la cinéaste étaient faits pour se rencontrer… entre ici et l’ailleurs, l’ombre et la lumière, la présence et l’absence, entre les mots et les images, là où l’art tente de recoller les écorchés, là où le cinéma et la poésie vont ici tenter d’inscire dans “un même temps” deux âmes sœurs appartenant à une même communauté d’esprit. »

GéraRd Grugeau, 24 Images, Juin 2017

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Une puissante cohérence organique

« Hors les murs aussi, l’individu peut ressentir une forme d’enfermement. Saäl devient elle-même prisonnière de sa relation avec le condamné, qu’elle ne peut plus quitter parce qu’elle reste un être humain et pas qu’une réalisatrice… Rarement voyons-nous un film s’écoutant à ce point comme une pièce musicale. Il faut louer le montage de Michel Giroux : le rythme des images s’arrime à celui de la voix de Spoon, et par une puissante cohérence organique, une réelle conscience du mouvement musical naît la parole. Par des fondus au noir qui sont autant de respirations, le film, comme une brise, souffle sur nous. Théâtre et danse viennent sceller le continuum du film, remettant l’art dans chaque moment d’existence : ce sont les mouvements et les postures des corps dansants qui figurent ce cri qui ne s’étouffe jamais complètement dans la force vocale de Spoon. »

Guillaume Roussel-Garneau, Liberté, automne 2015

 

La vie du film

2022

Maison d'arrêt de Fleury-Mérogis, France

2019

Cinéma Moderne, Montréal

Cinéma Paraloeil, Rimouski

2018

Hot Docs Redux, Toronto

 

2017

Cinématèque québécoise, Montréal

 

2015

FID Marseille

International Festival Signes de Nuit, Lisbon

Rencontres internationales du documentaire de Montréal

Festival dei Popoli, Florence

DOC-Cévennes, Lasalle, France

Taiwan International Documentary Festival

Université de Montréal

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Secrets de tournage

Image tirée de Spoon.

Image tirée de Spoon.

Les petits plaisirs

C’est tellement difficile de faire un film, c’est tellement long, et c’est tellement ingrat que je peux me faire des petits plaisirs de temps en temps. Donc, mon petit plaisir est de filmer des livres parce que j’aime autant les livres que les films, sinon plus. Donc, j’ai dit, “cette fois-ci je veux mettre des livres de poètes partout dans le film, et je vais les filmer”. Je ne sais pas du tout ce que je vais faire avec, mais voilà on a fait quelque chose avec.

Michka Saäl, Université de Montréal, Observatoire de cinéma au Québec (Mardis OCQ), 2014

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L’art vs le commerce

J’ai fait le film avec une subvention du Conseil des Arts du Canada, c’est-à-dire très, très peu d’argent. A ce niveau-là, il faut que les gens soient complètement impliqués. Sinon, ça ne vaut pas la peine, on n’y arrivera pas. C’est évident que ni moi ni les trois autres n’étaient payés, ou très, très, très, très peu… on le fait pour autre chose, parce qu’on aime réfléchir à la forme.

Michka Saäl, Université de Montréal, Observatoire de cinéma au Québec (Mardis OCQ), 2014

Michel Giroux et Michka Saäl montent Spoon, 2015.

Michel Giroux et Michka Saäl montent Spoon, 2015.

Les mondes intérieur et extérieur de Spoon

On a décidé avec Sylvestre Guidi, mon directeur photo, qu’on ferait le noir et blanc pour tout ce qui était intérieur, le côté difficile de sa vie, son enfermement, son absence au monde, qui passent par l’expression corporelle de ces danseurs-comédiens, et la couleur pour ses souvenirs d’enfance. Ça c’était très important formellement. Bien avant le tournage on a discuté de ça.

Michka Saäl, Université de Montréal, Observatoire de cinéma au Québec (Mardis OCQ), 2014

Trouver l’humanité vers l’humour

La poésie était écrite et même la prose. Tout est écrit. Les petits jeux entre nous, ça n’était pas écrit, évidemment. Moi, je pensais enlever ma voix, mais mon monteur (Michel Giroux) m’a dit, “Non, non, non, non ! Attends! C’est ça qui donne toute l’humanité. C’est ça qui est beau !” Moi, je ne voyais pas. Je ne voulais pas que les gens m’entendent. Les gens sont très sensibles à ça, finalement. Ça montre le rapport qu’on a. Je n’avais pas du tout cette idée au départ. Je voulais juste mettre des poèmes. Ce serait beau, mais froid, je pense.

Michka Saäl, Université de Montréal, Observatoire de cinéma au Québec (Mardis OCQ), 2014

 
Michka Saäl et Sylvestre Guidi sur le tournage de Spoon.

Michka Saäl et Sylvestre Guidi sur le tournage de Spoon.

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Pierre Bertrand et Michka Saäl sur le tournage de Spoon.

Les défis du son

La première personne qui a fait le son avec moi, Pierre Bertrand, m’a dit que je pouvais enregistrer nos conversations sans que la prison s’en rende compte, et les mettre tout de suite sur mon ordinateur. Nos conversations durent 12 minutes, prévues. Après ils coupent. Pendant les 12 minutes, il y a au moins 5 ou 6 interventions. Je lui avais appris à reprendre ou à s’arrêter, et à ne pas recommencer, mais juste reprendre. Donc, il y a un travail de montage sonore incroyable (de Catherine Van Der Donckt).

Michka Saäl, Université de Montréal, Observatoire de cinéma au Québec (Mardis OCQ), 2014

Michka Saäl et Ricky Ford, qui a fait la bande-son, parlent avec Spoon au téléphone.,

Michka Saäl et Ricky Ford, qui a fait la bande-son, parlent avec Spoon au téléphone.,

Un contact humain et précieux

Je montais une scène du film et Michka m’a soudain passé le téléphone; « C’est Spoon, il veut te parler ». Comme ça, sans aucune préparation je me suis mis à parler avec cet être que je trouve franchement exceptionnel. Il y avait déjà quelque temps que je vivais virtuellement avec lui et le contact direct n’en a été que plus intense. Je me souviens qu’il m’a parlé avec une candeur surprenante, comme si on se connaissait de tout temps. Pour lui le temps du contact humain est évidemment précieux, pour moi aussi. Le genre d’expérience essentielle que Michka, avec toute sa nourrissante générosité, m’a donné à foison.

Michel Giroux, monteur, 2018

Écoutant le film

Nous souffrions du fait que Spoon ne verrait peut-être jamais ce film. Nous avons pensé qu’avec l’imagination créatrice qui anime Spoon, qui lui a permis de vivre les 40 années passées en prison, on pourrait lui faire écouter au téléphone la bande sonore, comme à la radio et lui laisser imaginer l’image, inspiré par les photogrammes du film que Michka lui a fait parvenir à cette fin. Spoon était très touché d’entendre le film. La force d’évocation du son…

Michel Giroux, Monteur, 2018

Spoon Jackson

Spoon Jackson

Michka, magie et ‘realness’

J’ai vu Spoon à travers les photos que Michka a partagées des danseurs/acteurs, et la lumière et l’obscurité, les nuances qu’elle a captées dans le désert. J’ai entendu Ricky Ford et ma flûte par téléphone, et ça m’a donné des frissons au cœur et a inspiré mon esprit. Oui, j’ai senti le lac, le désert et les danseurs. La magie des créations de Michka, tout crée la réalité.

Spoon Jackson, poète, 2018

On emmène Spoon avec nous

Mon film préféré. Une autre histoire de rédemption par l’art après Prisonniers de Beckett. On avait tourné un peu à Montréal mais la deuxième partie du tournage allait se dérouler dans le désert de Californie. Avant le début du tournage Michka m’a dit, « tu viens avec moi et on va aller visiter Spoon en prison avant de tourner des images. » Encore une fois elle avait un plan pour moi. Quel être extraordinaire ! On est resté tout l’après midi avec Spoon à bouffer des cochonneries de machines distributrices dont les détenus eux-mêmes ne peuvent se servir. Puis on est rentré avec Spoon dans notre cœur et le lendemain on est partit dans le désert en l’emmenant avec nous.

Sylvestre Guidi, Directeur de photo, 2018

Sylvestre Guidi, Spoon Jackson et Michka Saäl à la prison d’État de Californie, Los Angeles County, Lancaster.

Sylvestre Guidi, Spoon Jackson et Michka Saäl à la prison d’État de Californie, Los Angeles County, Lancaster.